Des générations de femmes sont devenues blondes platine pour faire comme Marilyn Monroe. Mais les temps changent et, au rayon coloration, la tendance est aujourd’hui au naturel. Gare ! les emballages qui affichent du végétal ne sont d’aucune garantie. Pas même dans les magasins bio.
Une fois retombé le brushing glamour de Marilyn, on imagine sans peine des cheveux cassants, secs, un cuir chevelu irrité… Et c’est souvent le triste résultat après des années de coloration chimique. Du terne et du cassant.
Et pour cause, qu’ils soient blonds, bruns ou tout blancs, pour teindre les cheveux de façon permanente, on commence par dépigmenter la fibre capillaire avec de l’ammoniaque et de l’eau oxygénée, c’est l’« oxydation » (ce qui constitue en soi un choc). Dans un second temps, on fait pénétrer à l’intérieur du cheveu les pigments synthétiques (second traumatisme), avant de finir par un soin qui referme les écailles (il faut bien ça). Un vrai travail de chimiste de laboratoire…
Les substances employées au cours de ce triple traitement de choc sont régulièrement sur la sellette. Elles sont de la famille des diamines ou des aminophénols. De quoi les soupçonne-t-on ? D’être susceptibles de traverser la barrière du cuir chevelu. De provoquer des allergies plus ou moins graves, fréquemment. Mais encore ?
Pour l’Observatoire national des asthmes professionnels (ONAP), les métiers de la coiffure sont parmi les plus exposés à cette pathologie. En cause : les persulfates alcalins, des teintures conditionnées sous forme de poudre ultrafine. Enfin, de nombreuses études font le lien entre augmentation des risques de cancer et teintures chimiques. Au point que, dans de nombreux hôpitaux, on conseille fortement aux malades atteints de cancer de renoncer à la coloration par oxydation.
La Commission européenne réagissait à tous ces soupçons en 2006 par l’interdiction de 22 substances de coloration. Et REACH (règlement sur l’enregistrement, l’évaluation et les restrictions des substances chimiques : ce programme européen contraint les industries chimiques à faire la preuve de l’innocuité des substances qu’elles utilisent) devrait en principe faire un peu le ménage. Mais il y a encore des efforts à faire ! La résorcine ou l’éthanolamine, par exemple, font partie des substances encore autorisées accusées d’être irritantes et allergisantes.
Des molécules qui fâchent
Face à cet opprobre, le marché réagit. Et les marques se positionnant sur le créneau du naturel bourgeonnent allégrement. Dans les supermarchés, les leaders du conventionnel vantent les mérites de leur « coloration crème à la sève de bambou, sans ammoniaque » chez Herbabrillance de Garnier. Elles s’autoproclament « naturelles, aux extraits d’olive » chez Eugène Color. Et contiennent cependant au bas mot 90 % d’ingrédients chimiques, dont la plupart de ceux incriminés.
Passons notre chemin et rendons-nous au magasin bio le plus proche. Peut-on y acheter sa coloration les yeux fermés ? Certes pas. On y croise la marque Color & Soin des 3 Chênes, « enrichie en protéines végétales et en huiles essentielles » et « qui minimise les risques d’irritation et d’allergie ». Au menu cependant : diamines et moult ingrédients tels que PEG et EDTA bannis des cahiers des charges Cosmébio ou BDIH. Martine Mahé est aussi positionnée sur le créneau du végétal. Les formules de ses teintures aux plantes ne contiennent ni résorcinol ni diamines, mais la chimie de synthèse y est prépondérante. Autre marque habituée des boutiques bio : Beliflor. Sur sa liste INCI, on rencontre parmi les pigments végétaux de l’huile minérale, des diamines, du résorcinol.
Demandez le flacon !
Un constat qui ne peut pas satisfaire les puristes qui n’accordent leur crédit qu’à deux marques : l’allemande Logona (labellisée BDIH) et la française Terre de couleurs (terredecouleur.fr), les seules à proposer du 100 % végétal. C’est une tout autre philosophie. Avec Logona et Terre de Couleur, on laisse la fibre du cheveu intacte. Oubliez l’« effet racine » de la coloration permanente chimique, dès que les cheveux repoussent. Au lieu d’ouvrir les écailles pour modifier la fibre en profondeur, on la gaine. Les cheveux sont lissés et reflètent la lumière. La base des produits est faite de protéines de blé et de jojoba. Les teintures sont issues de plantes, de fruits, d’écorces : du henné mais aussi du café, du curcuma, de la cannelle, de la betterave, des fleurs de châtaignier, du roucou, du thé noir, du brou de noix… Seul inconvénient : on doit laisser poser entre 15 minutes et 2 heures et parfois beaucoup plus, selon l’effet escompté.
La coloration 100 % naturelle a ses limites. Vous êtes brune et rêvez de devenir blonde sans passer par la chimie ? Renoncez. Envisagez plutôt de parer votre crinière de reflets auburn ou cuivrés. Et si vos cheveux sont intégralement blancs, il ne sera pas possible de les camoufler, seulement de leur apporter « une couverture nuancée ». Autre inconvénient : elle s’estompe progressivement avec les shampooings.
Tendance oblige, les coiffeurs affichant des couleurs végétales sont de plus en plus nombreux. Il est dommage que peu d’entre eux jouent la transparence en exposant les logos des produits qu’ils utilisent. S’ils vous promettent une couleur 100 % végétale avec un temps de pose minimum et en couvrant tous vos cheveux blancs, ne les croyez pas. Parmi ces bio-coiffeurs, on trouve en effet un peu de tout. Certains ont une véritable herboristerie dans l’arrière-boutique et font leurs propres mélanges. D’autres utilisent Logona.
Et une très large majorité des salons dits naturels est adepte d’Eos, de Wella. Disponible uniquement pour les professionnels, ce produit ne peut être vendu aux particuliers. Sur une base de paraffine, il contient surtout des pigments végétaux mais aussi quelques colorants synthétiques, ce qui lui donne le pouvoir de couvrir les cheveux blancs (mais pas de convertir les brunes en blondes). Pour en avoir le cœur net, avant de passer entre les mains de votre coloriste, une seule solution : menez un interrogatoire serré. S’il répond sincèrement en citant la marque des produits et en vous montrant les flacons, tout va bien. S’il vous promet la lune en restant évasif, méfiance.
Hénné noir : méfiance
Cette poudre, issue d’un arbuste épineux (Lawsonia inermis est son nom savant), est la plus ancienne des colorations puisqu’on l’utilisait déjà dans l’Antiquité. Jamais passée de mode dans les pays arabes, elle est de plus en plus tendance chez nous et permet d’obtenir des teintes auburn ou rousses. Avant d’acheter votre henné, vérifiez bien la composition. On mélange parfois la poudre végétale à des colorants de synthèse et des sels de métaux. Le henné noir est tout particulièrement déconseillé parce qu’il
peut contenir du paraphénylènediamine (PPD), une substance chimique hautement allergisante. Vous n’en trouverez fort heureusement pas dans les produits de la marque Shiraz, très présente dans les magasins bio. Son henné noir est composé d’indigo et de poudre de campêche. Du 100 % naturel comme toutes les autres teintes de la gamme.
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