50 nuances de grey – littérature érotique – roman à scandale
Votre amoureux vous a offert Fifty Shades of Grey pour la Saint-Valentin ? Vous l’avez dévoré et adoré ? Ce roman érotique est devenu votre livre de chevet, dissimulé désormais sous une paire de menottes à fourrure rose fushia ? Si c’est le cas, découvrez des œuvres de la littérature classique ou plus contemporaine qui auraient bien pu inspirer E.L. James, l’auteure de 50 Nuances de Grey. Plongeons dans les prémices d’une littérature tendancieuse, entre golden boy sadique, jeune femme ingénue et scènes érotiques rythmées par des coups de fouet.
Entre Christian Grey et Patrick Bateman, il n’y a qu’un meurtre
Le héros de Fifty Shades of Grey est un jeune homme de 27 ans, riche comme Crésus et adepte inconditionnel de la fessée. Il pourrait donc être le descendant direct de Patrick Bateman, 27 ans, golden boy d’American Psycho, roman de Bret Easton Ellis. Ce roman fit scandale lors de sa sortie en 1991 et fut même taxé de pornographie. Et pour cause ! Le lecteur découvre au fur et à mesure que Patrick Bateman dissimule sous son sourire charmeur un caractère schizophrène : la soumission et la souffrance d’autrui sont ses passe-temps favoris. Le lecteur est témoin malgré lui de la déchéance psychologique d’un personnage friand des coïts violents. Argent, domination et jeunesse ne sont-ils pas là trois éléments flagrants de ressemblance entre nos deux personnages ? A un détail près, et pas des moindres il faut bien en convenir, puisque Patrick Bateman commet l’irréparable : le meurtre.
Anastasia Rose Steele et Eugénie : la naïveté malmenée
Dans Fifty Shades of Grey, Anastasia est âgée de 21 ans et se voit entraînée, plus ou moins volontairement, dans les affres de la sexualité et du sadomasochisme par un homme d’affaire jeune et fortuné. Avant Anastasia et sa naïveté, il y avait Eugénie, jeune fille tout aussi crédule qui découvre la débauche avec Dolmancé, noble coquin et Mme de Saint-Ange, libertine assumée. Eugénie est un personnage créé par le Marquis de Sade en 1795 dans La Philosophie dans le boudoir, livre blâmé et censuré à cause de ses nombreuses scènes sexuelles et du plaidoyer de son auteur qui y faisait l’apologie de l’athéisme, de la sodomie et du libertinage. Si Ana connait, avec une grande naïveté, ses premiers émois dans les bras de son amant fougueux et garde les stigmates d’une fessée punitive, Eugénie, elle, se voit donner un cours de sexualité débridée accompagné d’exercices pratiques. La ressemblance entre ces deux personnages est manifeste.
Histoire d’O : une histoire d’amour… et de servitude
La domination est au coeur de l’intrigue de Fifty Shades of Grey. Elle est même le fer de lance d’Histoire d’O, roman signé Pauline Réage sorti en 1954. Fer de lance, en effet, puisque la jeune O se fait marquer au fer rouge les initiales de son maître et amant. Dans les deux livres, la femme devient propriété de l’homme et les pratiques sexuelles ne sont que la matérialisation physique de cette soumission volontaire. Le sadomasochisme, le don de soi, le plaisir dans l’humiliation et l’amour, bien sûr, sont les thèmes que l’on retrouve aussi bien dans Histoire d’O que dans 50 nuances de Grey.
Livre référence bonus : l’amour et la mort s’amarrent
E.L. James ne s’en cache pas, elle s’est librement inspirée des personnages de la saga Twilight de Stephenie Meyer. Ce livre de vampires est l’occasion d’évoquer une oeuvre qui, au XIXème siècle, avait déjà donné vie à un amour impossible entre une créature fantastique et un humain : la Morte amoureuse de Théophile Gautier, paru en 1836. Romuald est un homme d’Eglise. Il rencontre un soir Clarimonde, courtisane étrange et fascinante. Entre eux naît un amour, évidemment impossible, qui se finira avec la mort de Clarimonde, exorcisée dans son tombeau par le Frère Sérapion. Une romance macabre à lire avec en fond sonore, la Marche Funèbre de Chopin.
La littérature classique regorge d’œuvres tout aussi licencieuses et romantiques que Fifty Chades of Grey. A découvrir dans toutes les bonnes librairies !